Orangina prône l’attaque avec le hand-ball… Et marque des buts

 

"Et là, on met "le jour de boire est arrivé", c'est pas mal, non? En plus c'est plutôt drôle..."

Orangina, c’est quoi? Ces derniers temps, le plus souvent des pubs incompréhensibles et dérangeantes avec des animaux anthropomorphisés comme protagonistes. Et ce, jusqu’au 30 janvier 2011, date à laquelle Orangina est devenue une marque gagnante car offensive grâce au hand-ball. Un peu trop, peut-être.

Il est toujours bon, pour une marque, quelle qu’elle soit, d’être le sponsor d’un événement, d’une équipe, d’une entité qui prône des valeurs respectables. Terrain tout trouvé : celui du sport. Mais la concurrences y est féroce. Question de compétition, sûrement. Difficile donc pour un soda, représentant d’un certain « laisser-aller » alimentaire, de s’imposer au pays de l’esprit sain dans un corps sain. Tour de force réussi par C***-C*** dans le football, à grands coups de dollars injectés sur le long terme dans la reine des épreuves, la Coupe du Monde. A qui Pepsi commence à peine à mettre des taquets dans les chevilles. Pour Orangina, on laisse donc tomber le sport-roi…

Quel autre sport marche en France? Le tennis? Trop individuel et trop porté sur l’élite. La course automobile? Trop « mécanique ». Le cyclisme? Trop dopé. Reste donc le rugby que Orangina a investi depuis 2006 par le biais du XV de France. Cinq ans, déjà?! Ah bon… Planquée derrière les mastodontes friqués que sont la Société Générale ou Orange, il faut dire que la bouteille à bootyshaker pour faire monter la pulpe a du mal à faire valoir ses atouts. Un bide, jusqu’ici. Pas étonnant quand on parle de calories. D’autant qu’il en est de même pour la popularité globale de la marque.

De facto, le soda bien de chez nous rentre il y a quelques années dans une phase de transformation intégrale pour incarner la win à la française. Traduction visuelle : l’agence Fred & Farid va s’occuper de toi. Résultat : parler d’Orangina revient à évoquer des pubs plutôt moches et chamarrés, assez flippantes, avec une corrélation complètement nébuleuse entre les animaux-personnages, le message produit et la boisson en elle-même. Comme quoi, on peut s’appeler Fred & Farid et pas toujours taper dans le mille…

 

Les suédois se demandent encore pourquoi la France agite des gros machins aux couleurs de leur pays…

Mais Orangina reste persuadée que les efforts finiront par payer. En bonne marque en mal de reconnaissance, elle a donc choisi dès 2010 de se concentrer sur un sport qui l’est tout autant, malgré ses innombrables succès : le hand-ball. Exit le rugby et la FFF (le contrat se terminant en 2012) et plein gaz sur l’équipe de France de hand-ball. Avec un timing parfait dû au scandale footballistique de l’équipe de France en Afrique du Sud et au dopage incessant dans le Tour de France, l’opinion publique s’ouvre sur d’autre sports moins médiatisés et surtout moins vérolés.

Et découvre en Orangina, lors du Mondial de hand-ball, le soutien principal « d’Experts » qui marche sur l’eau, sûrs de leurs forces tout en sachant se remettre en question. Du pain béni pour les stratèges. Relayée dans le métro, les bus, les journaux et tout ce qu’il y a d’espace occupable, la campagne des Bleus est plus couverte par la pub que les médias pendant un temps. L’équipe de France éclabousse le Danemark en finale puis le public de Malmö, armée de bouteilles d’Orangina savamment placées devant les objectifs des reporters sportifs. Même la photo officielle des vainqueurs, en une du Direct Matin du lendemain, se voit affublée d’un Orangina qui remplace l’habituel champagne.

Avec une artillerie médiatique lourde et un placement produit audacieux et intrusif, « Le jour de boire est arrivé » pour Orangina, le 30 janvier dernier. Désormais, un kangourou arbore les couleurs de la France aux côtés d’Omeyer, Karabatic et Fernandez. Toujours aussi « what the fuck? » mais Fred & Farid ont gagné. Et en sport, l’important, c’est la victoire.

 

Matthieu Rostac

Crédits photo : Facebook Orangina

Paso de los Toros : que reste-t-il de nos amours ?

Aurore Colibert ©

« Au beau milieu de l’Uruguay, là où passe le Rio Negro, vivaient des éclaireurs qui aidaient charrettes et troupeaux à traverser cette rivière extrêmement dangereuse lorsque le courant était fort. Pour leur force et leur bravoure, ces éclaireurs se faisaient appeler les hommes-taureaux » (*). C’est sur cette phrase énigmatique, empreinte d’un paganisme si cher aux sud-américains, que Paso de los Toros aurait été fondée… A l’origine ville de « peones », mère de l’auteur uruguayen Mario Benedetti, Paso de los Toros verra son destin bouleversée par la rencontre improbable d’un industriel anglais d’un étudiant en chimie de Montevideo. En 1926, George Jones et Romulo Mangini travaillent tous deux pour une usine de savon de la ville. Ils décident de diversifier cette activité en « recopiant » au mieux la recette d’un tonic anglais, le Bull Dog, seule boisson possédant ses droits d’entrée en « Suisse d’Amérique Latine » pour y lancer le premier soda made in Uruguay. Le Paso de los Toros était né. Le « capital » (si tant est qu’il y en ait un) de Paso de los Toros est ouvert aux villageois, à hauteur de dis pesos l’action. Une sorte de modèle d’économie participative à l’échelle locale, de droit du sol profitable aux descendants des laborieux hommes-taureaux. Pour la version longue, c’est ici. En espérant que vous aimez l’espagnol…

A l’orée des années 50, le succès est tel que la société voit ses actionnaires pulluler de même que ses usines sur le sol uruguayen, obligeant Mangini à s’implanter jusqu’à Montevideo. Ce qui, bien sûr, attise l’intérêt des conglomérats US, à la recherche de nouveaux marchés dans les pays émergents. Une fois n’est pas coutume, le géant Pepsi Co. remportera la mise au nez et à la barbe de son grand rival le Diable Rouge. La quantité de quinine contenues dans la boisson gazeuse devenant trop dangereuse pour les consommateurs, la société se lance dans des sodas aux fruits, notamment à l’orange, au citron et au pamplemousse. A la même période, le créateur Romulo Mangini meurt et Pepsi devient actionnaire majoritaire de la société Tonic Water Company Paso de los Toros. Ainsi commence le deuxième acte de l’histoire de Paso de los Toros, rentré dans le rang du capitalisme comme tout bon soda qui se respecte, après une escapade dans l’utopie mercantile. Paso de los Toros finit par traverser le fleuve Uruguay et s’implanter chez le frère ennemi argentin. La Celeste, l’équipe nationale de football de l’Uruguay ne retrouvera jamais son niveau d’antan. C’est un certaine idée du romantisme sud-américain qui s’évente.

Fernando Cavenaghi, joueur des Girondins de Bordeaux surnommé "El Torito" est... Argentin. Chienne de vie.

Au sens propre comme au figuré puisque désormais, la société Tonic Water Company Paso de los Toros met un point d’orgue à faire une croix sur le fleur bleue et le cucul. Un Paso de los Toros sabor pomelo à la main, de préférence. Pour sa dernière grande campagne publicitaire, réalisée par l’agence BBDO Argentine, les buveurs de ce soda au pamplemousse prennent un malin plaisir à briser les délires gnan-gnan de couples sirupeux et détestables. Raison invoquée ? « La douceur n’étanche pas la soif », d’après le slogan. Bien ouej, pour une boisson dite « amère ». De surcroît, pour créer le buzz, la société BBDO invente le site Mandaleunmensajeatuex.com (littéralement Envoieunmessageàtonex.com) où des amants éplorés peuvent déverser leur trop-plein de fiel sur leurs anciens partenaires sentimentaux, aux yeux et à la vue de tous. Pis, un an plus tard, l’agence de pub a publié un « recueil » des meilleurs messages – 6000 reçus, au total – distribué dans toutes les bonnes librairies. Et pour ceux ou celles qui auraient manqué un épisode, BBDO a disposé à divers endroits stratégiques des grandes villes argentines de magnifiques poupées vaudou piquées, sur lesquelles étaient laissées à disposition le livre d’or de l’aigreur, sobrement intitulé « la vengeance immortelle ». Début de la campagne : début février 2009, une semaine avant la Saint-Valentin. Ça, c’est du marketing !

Mais objectivement, que reste-t-il de ce valeureux soda, héritage des hommes-taureaux de la lande uruguayenne ? Je n’irai pas jusqu’à vous survendre le produit en vous déclamant que cette boisson gazeuse possède toute la force de caractère de ses aïeux et blablabla, on n’est pas dans une publicité pour le whisky… Une chose est sûre, c’est sans nul doute le meilleur soda au pamplemousse qui existe. Certes, il n’y a pas pléthore sur le marché mais à un Schweppes agrumes, je préfère encore le Paso de los Toros saveur pomelo. Pas outrancier pour un sou, le soda est très fin, acidulé ce qu’il faut tout en gardant la subtile amertume du pamplemousse. Le breuvage pétille juste, ne s’aplatit pas vite, laisse un agréable retour en bouche et, comble de l’esthète, se boit OBLIGATOIREMENT dans un verre. C’est mentionné sur le côté de la canette. Sinon, turista. Qui plus est, le packaging est plutôt sexy : old school mais pas trop, on boit ce que l’on voit. Et inversement. Dernière anecdote pour les petits rigolos adeptes de facéties estampillées Jamy & Fred ou Nature & Découvertes : les agents de quinine contenus dans la boisson font que le Paso de los Toros brille dans la nuit. Comme le Luminou, oui.

Informations techniques : je ne peux vous dire si l’on trouve en France du Paso de los Toros, la canette que l’on m’a rapporté vient d’Argentine… Sorry guys !

Matthieu Rostac

Crédits photo : Aurore Colibert et Sport 24

(*) Propos issus de l’ouvrage Historia de Paso de los Toros de Pedro Armua

Vimto : nul n’est prophète en son pays…

Aurore Colibert ©

Une fois n’est pas coutume, je commencerai cet article sur le soda par le test dudit soda. Et il s’agit là du Vimto. Première impression : la canette est plutôt stylisée, assez old school, avec ses tons et rouge et son petit bord cadre, ça lui donne des airs d’enseigne de supermarché. Décapsulons. Une forte odeur de fruits rouges, lorgnant vaguement vers feu le cultissime Cherry Coke, me parvient aux narines. De son côté, un liquide rougeâtre s’extirpe de la canette. Après réflexion, il est violet. Pas commun, pour un soda… Goûtons. Dès la première gorgée, c’est un patchwork, que dis-je une explosion, que dis-je un attentat kamikaze perpétré par une veuve noire dans le métro de Moscou, de fruits rouges dans notre précieuse petite bouche francophile. Même si le breuvage s’avère plutôt sirupeux (donc écœurant vers la fin), le Vimto se boit « vimte » car il s’aplatit rapidement. Soit dit en passant, comme son cousin Danny (Danny De Vimto). OK, j’arrête. L’étiquette infirme la présence de cassis, de framboise, de raisin blanc et d’iris (gné ?). Canette collector, s’il vous plaît, la canette affiche « 100 ans d’excellence ». Faut pas pousser non plus…

Car oui, le Vimto existe depuis plus de cent ans. Fondé en 1908 par John Noël Nichols, pharmacien du Cheshire, le Vimto s’appelait alors le Vim Tonic. Puis, en 1912, ce même Nichols raccourcit le nom de sa boisson gazeuse en Vimto – je vous évite ainsi un jeu de mot pourri supplémentaire de type Gym Tonic, Véronique et Davina, etc. Durant des décennies, la société Nichols PLC continue de s’agrandir et, à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, parvient à s’implanter timidement au Moyen-Orient par le biais du trust sodaïque saoudien Aujan Industrial Company. Au sortir de la « drôle de guerre », Nichols PLC et sa boisson phare Vimto a conquis le Moyen-Orient, notamment grâce au ramadan durant lequel le Vimto se boit comme du petit lait la nuit tombée. Oui, le Vimto coupe la faim. Avis aux mannequins. Ou aux obèses. Dans tous les cas, comme disait mon papy Adolf, « y en a qui ont pas tout perdu pendant la guerre, hein ». De nos jours, sur le marché des émirs, Nichols PLC possède 90% du marché des boissons gazeuses. Pour le ramadan 2007, 15 millions de bouteilles de Vimto se sont écoulées en un seul petit mois. D’où le droit inaliénable de faire des pubs pourraves.

Héhé, salut, c'est moi le DG marketing de Vimto. Je suis bien caché derrière mes PLV, hein?

Du côté du pays d’origine, tout n’est pas aussi rose (ou violet, au choix). Subissant une concurrence plutôt rude, Vimto doit surtout son salut dans les linéaires rosbifs à sa « personnalité ». Bien que racheté par le géant du soda british A.G. Barr, sa couleur mauve et surtout, ses mascottes lui permettent de surnager. Dans les années 90, Vimto, par le biais du poète Giles Andrae, crée le personnage de Purple Ronnie. Un bonhomme fil de fer simpliste, devenu depuis l’égérie des cartes de vœux outre-Manche, à l’instar de notre Piaf national. Merci Purple Ronnie parce bon, avant c’était pas trop ça niveau pub… Ni ça, d’ailleurs. L’histoire d’amour avec Ronnie durera un peu moins de vingt ans, Nichols PLC décidant de redonner un bon coup de fouet à son image de marque pour ses 100 ans. En 2008, Vimto invente son propre Cluedo édition limitée. Anecdotique. Mais en 2009, le tournant arrive : le gang du SMUF (Seriously Mixed Up Fruit) débarque sur BBC et Channel 4.

Reprenant ingénieusement le concept créatif de Oasis et les fruits parlant de François Perusse, Vimto invente trois persos-fruits qui « s’éclatent » dans des sessions sport extrême. Littéralement. Le raisin parle comme un mancunien (les habitants de Manchester, pour les nuls), le cassis est aussi smart qu’un londonien de la City et la framboise voue un culte à Maria Sharapova. Pas étonnant donc qu’il parle avec un accent russe à couper au couteau (un accent russe, WTF ?). Un concept viral brillamment relayé par le site Vimto.co.uk, on ne peut plus ludique et interactif. Chaque coin de rubrique donne la possibilité malsaine d’éclater nos amis du rayon frais… Hin hin hin. Sans oublier les goodies téléchargeables et les infos importantes sur la société. Et pour ceux qui n’aiment pas le soda, dégagez ! sachez que Vimto a également décliné ses produits dans un souci d’occupation du marché : le Vimto Cordial est la version sirop, le Fizzy Vimto est la version pre-mix du sirop. Sans oublier les bonbons et les sorbets Vimto.

Mais tout cela n’est bon que pour le marché anglais. En France, la seule opportunité de trouver du Vimto est sous forme liquide à l’épicerie Nationale Exotique, 77 rue Dunois – PARIS 13. Et n’oubliez pas qu’avec « Vimto, les courses, c’est mon dada ! » (Omar Sharif. Ouais, j’ai des supers guests sur mon blog, gros budget).

Matthieu Rostac


Crédits photo : Aurore Colibert et Manchester Evening News

Nouveau look pour une nouvelle vie avec C***-C***

"Réorientaliser des chinoises qui veulent s'occidentaliser : c'est pas de la merde, ça, comme idée, hein ?"

Cristina Cordula, la relookeuse de M6 se fait déjà les ongles. En french manucure de préférence, parce que « c’est mâgnifiiique, mâ chériiie ». Coutumière du fait, la multinationale responsable du Diable fait soda redonne un coup de fouet à sa petite bouteille rouge et blanche ce printemps. En n’oubliant pas d’ouvrir vers l’extérieur ces collaborations, histoire de faire le buzz. Rappelons que l’année dernière, la styliste Nathalie Rykiel (« soeur de ») s’en était déjà donné à cœur joie pour peinturlurer de rayures la boisson gazeuse la plus célèbre du monde. Version light, bien sûr : on reste dans l’univers de la mode…

Cette année, ce sont les « artistes » qui s’y collent. Le mois dernier, le chanteur Mika a présenté officiellement SA bouteille de C***, soigneusement « designée » par ses soins. Pour synthétiser, le monde des Bisounours de ses clips se retrouvent flanqué sur une bouteille de métal. Ou comment tourner en rond avec son style – assez agaçant, vous en conviendrez – depuis belle lurette. Car Mika, c’est un peu comme un Malabar. Au début, c’est marrant : plein de couleurs, vert, jaune, rose, fun et rigolo. Au final, c’est écœurant et on n’a mal à la mâchoire. Mais cela semble lui réussir (en 2009, le chanteur en est à 19 millions d’albums vendus dans le monde). De même que C***-C*** qui signe ici un joli coup marketing. Pour écouteur l’américano-libanais se passer la pommade sur sa Happiness Bottle, c’est sur LePost.fr.

Mais ce n’est pas fini pour le Diable rouge ! Hier est parue sur le site Premiere.fr la grande nouvelle : Karle Lagerfeld a, lui aussi, relooké la bouteille de soda à la recette secrète il y a peu. Le directeur artistique de la maison Chanel a dessiné une bouteille à son image : sobre et mégalomane. C’est moins drôle que le gilet jaune mais tout aussi efficace. La preuve en est : une large campagne d’affichage nationale présentera la canette dès le 24 avril. De son côté, le très chic et (trop?) hype magasin parisien Colette se chargera de vendre des coffrets collectors « Cokarl Lagerfeld » pour la modique somme de 47€. Ou 57€, on est pas encore sûr. D’ici deux semaines, sa valeur aura peut-être grimpé de dix euros dans les sondages… Une chose est sûre : Lagerfeld a expressement demandé à retaper la bouteille light de C***- C***. La mode, toujours la mode… Le soda 100% sucre, mauvais souvenir pour Karlito.

Light toujours, Valérie Damidot. Néo-actrice et autre experte ès-relooking épileptique de la petite chaîne qui monte depuis bien trop longtemps avec Cristinaaa, l’animatrice de D&CO se serait félicitée d’une telle initiative, vidant au passage une douzaine de packs durant son marouflage et ses débouchages d’angles. Rho, c’est méchant, tout ça parce qu’elle est grosse et qu’elle est kikoulol-énervante ! Mouhahahahaha, m’en fous, c’est mon blog : je fais ce que je veux. Tiens, d’ailleurs, je vais me prostituer et perdre mon intégrité pour optimiser mon référencement : Coca-Cola.

Matthieu Rostac

Crédits photo : Paris Match et  Trends-Luxury.com

Du soda dans mon portable… Foutu ? Non, ingénieux.

Cela fait presque un mois que je n’ai pas écrit sur ce blog, veuillez m’excuser mais quelques occupations me retenaient ailleurs. Néanmoins, honte à moi. Et comme une honte ne vient jamais seule, je m’en viens parapher Nicolas Hulot et son documentaire nanardo-naïf Le Syndrome du Titanic pour entamer cet article : « le modèle économique en place n’est plus la solution mais bien le problème ». Soit. En conséquence, de nombreuses industries s’évertuent à trouver un compromis rentable entre économie et écologie et ne se gênent pas pour le faire savoir, à grands coups de campagnes publicitaires. En témoigne la dernière campagne démagogique de l’EDF (tiens, prends ça Henri Proglio, BIM !). D’autres, moins tape-à-l’oeil, préfèrent se concentrer sur le véritable nerf de la guerre : l’innovation. Même si, il est vrai, la course au développement durable s’apparente parfois à une course à l’échalote, avec une tripotée de prototypes aussi farfelus les uns que les autres. C’est le cas de Nokia qui a confié à une jeune designer chinoise, Daizi Zheng, le soin de créer un téléphone portable eco-friendly.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le prototype est aussi étonnant que pétillant. A défaut de posséder une batterie électrique, le cellulaire utilise comme combustible… Du soda. Le dos de l’objet fait office de réservoir à bulles et le reste ressemble à un gadget tout droit sorti du film Total Recall. Une seul recharge suffit à alimenter le téléphone quatre fois plus longtemps qu’une batterie au lithium standard. Awesome, dude. Mais comment cela est-ce possible, me direz-vous ? Pour les plus anglophiles d’entre vous, rendez-vous sur ce lien qui explique tout. Pour les plus feignants, je synthétise : le téléphone produit de l’énergie grâce au sucre hydrocarbonique de la boisson et ce, à l’aide d’une « catalyse enzymatique ». Une fois le GSM (belgian style) déchargé, le liquide n’est plus que de l’eau. L’expérience ne dit pas si elle est potable. Pour le moment, le stade du prototype est « avancé » mais n’est pas sûr de voir le jour sur le marché de la téléphonie mobile. Néanmoins, il faudra dans les années à venir s’habituer au mot « bio-batterie », tant l’idée semble séduire.

Fatche! Je viens d'exploser mon forfait... Mes parents vont me hagate!

Reste à savoir si les consommateurs seraient prêts à débourser encore quelques billets en suppléments de leur téléphone et leur onéreux abonnement. Dans l’histoire, mine de rien, c’est surtout le soda qui ressort grand vainqueur. Au-delà du fait que C***-C*** a financé le projet en collaboration avec Nokia, permettant ainsi au Diable rouge de se placer sur la question de l’environnement, c’est tout le secteur qui s’offre une nouvelle virginité. Alors que les politiques américains et les britanniques veulent la peau des boissons gazeuses avec une taxation abusive (j’y consacrerais un article la semaine prochaine, keep in touch), le marché a trouvé là un moyen – certes jeune et encore hypothétique – de prouver à l’opinion publique que le sucre contenu dans ses canettes n’est pas que méfaits sanitaires et calories excessives. Voire de compter sur lui dans les années futures. Pour autant, la branche du soda est-elle prête à se repositionner sur le marché des énergies renouvelables? Quitter les linéaires des GMS pour se déplacer dix mètres plus loin, à la pompe de la station-service ? J’y songerais lorsque des enfants se rinceront le gosier de pétrole raffiné, le sourire jusqu’aux oreilles…

Pour ceux qui seraient vraiment curieux, allez jeter un coup d’oeil aux autres projets de Daizi Zheng. C’est une alternative au conditionnement de produit assez inventive.

Matthieu Rostac

Crédit photo : Daizi Zheng et un Skyblog, bien sûr

Milkis… My ass?!

Anyong Hasseyo! Aujourd’hui, on va en Corée les enfants, histoire de goûter l’un des sodas les plus dégueulasses que la Terre ait jamais enfanté… Le Milkis. De prime abord, avouons-le, la canette est plutôt jolie et inspire à l’évasion (oh, la jolie Mary Poppins), mais ce qu’il y a à l’intérieur « c’est pas beau. Même assez dégoûtant » comme le disait si bien Gainsbourg dans sa chanson Vu de l’Extérieur. Une belle couleur blanchâtre et opaque qui rappelle le lait en poudre, ou du foutre autre chose pour les plus grossiers d’entre nous. Et pour cause ! Le soda est à base de lait. Une première au pays des boissons gazeuses – qui s’inspire de la boisson traditionnelle japonaise le Calpis – lorsque le soda fait son apparition à grande échelle au en Corée (du Sud, of course) et au Japon à la fin des années 80. A cette époque, Lotte Chilsung, la société qui commercialise le Milkis, voit les choses en grand et c’est Chow Yun-fat (un chinois, hérésie !!!), alors en pleine bourre médiatique, qui s’occupe de vanter les mérites du lait à bulles dans un spot pastiche des films de John Woo. Un début de carrière A Toute Epreuve, mec.

A toute épreuve comme la dégustation de ce soda. Et c’est un euphémisme. Gonzo journalism, right. Une sorte de Danao gazéifié, saveur Melon pour ma pomme. Pourtant, très étonnant, le soda connaît un véritable succès. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter : Lotte Chilsung est le plus grand groupe de boissons asiatique depuis la fin des années 90 ; l’image de la boisson gazeuse, elle, est tenue par Han Chae Young, une drama-queen phare de la TV. Sacrément burnée, la demoiselle ! Faut pas lui chourrer son Milkis ! Personnellement, je préférerais que ce soit lui qui en fasse la publicité. Sinon, hors du continent jaune, on retrouve souvent le gaz lacté au travers des linéaires américains et russes (tiens, encore deux frères ennemis) : saveur melon, donc, mais également orange, fraise, mangue et même potiron… Sur Youtube, les tests en direct live de Milkis se multiplient. Ils prennent même les enfants, les salauds ! Le « pire », c’est qu’en général, ils aiment ça.

Don't tutss ma Mi'kis, matafukas!!!

Première remise en cause : je ne suis pas fait pour le Milkis, sûrement. Pas fait pour le soda, peut-être ? Non, je ne peux m’y résoudre. C’est juste que les américains ont les papilles écorchées. Quant aux russes, quand on sait que le vodka coûte si peu cher… Et puis, le goût est français, c’est un fait : un peu de mauvaise foi chauvine, ça ne fait jamais de mal. A bien y réfléchir, le seul Milkis dont je suis fan est peut-être celui qui s’appelle Edward. Producteur de télévision américain de ce quei se fait de mieux dans les 70’s, on doit au bonhomme l’allonge financière pour les désormais cultes Star Trek et Happy Days. Fonzie & Kirk rule ! Concernant les coréens, je leur pardonne (que je suis magnanime) et je préfère me concentrer sur leurs succulents barbecues, leur génial cinéma ou bien sur leurs émissions de télé comme celle-ci. Allez, ahn nyung hee ka se yo !

Informations techniques : Je suis sympa, je vous dit où on peut trouver cette cochonnerie. Un seul endroit sur Paris : le K-Mart, 8 rue Saint-Anne PARIS 2 (métro Pyramides). La canette n’excède pas les 2€.

Matthieu Rostac

Crédit photo : Aurore Colibert et Blog City

Un soda de mauvais goût ?

Finalement, Staline, c'est un peu Groucho Marx : les lunettes et l'humour en moins...

Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête des responsable de la marque Pivovar, distillerie située à Volgograd ?

Mais commençons en Histoire, vous voulez bien? Ancienne Stalingrad jusqu’en 1961, la ville russe s’apprête à fêter ce mois-ci le 67e anniversaire de la bataille de Stalingrad qui voyait l’Union Soviétique l’emporter sur le régime nazi à la suite d’un long et fastidieux combat de six mois. La victoire de Staline sur Hitler durant la Seconde Guerre Mondiale (Grande Guerre Patriotique en cyrillique), en d’autres termes. Pour les plus tatillons, n’oublions pas que cette bataille a fait plus d’un million et demi de victimes dont les deux tiers côté bolchevik…Derrière cette victoire, Staline assied son pouvoir et sa popularité auprès du peuple dont il est le Petit Père et ce, malgré les atrocités qu’il a pu faire avant-guerre (Goulag, Grandes Purges, assassinats des dissidents à répétition, etc) et qu’il continuera à mettre en place jusqu’ à sa mort survenue le 5 mars 1953.

Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête des responsables de la marque Pivovar, je réitère ma question ? Courant du mois, cette société a décidé de commercialiser une boisson gazeuse à l’effigie de Staline pour commémorer la bataille de Stalingrad (la vraie, pas celle avec Jude Law et Ron Perlman). Et en édition limitée, excusez du peu, pour rendre l’objet « collector ». C’est le journal russe Komsomolskaya Pravda, ancien journal officiel du Parti et du régime, devenu par la suite pro-russe, qui révèle l’affaire. A ce titre, le patron de Pivovar Boris Izgarshev s’est défendu en déclarant qu’il « ne pensait pas qu’il y avait quelque chose de mal là-dedans ». Boisson gazeuse qui portera donc en médaillon le portrait en noir et blanc de Staline ainsi que celui de deux généraux victorieux de Stalingrad. Apposés sur une étiquette rouge, de circonstance.

Ah bah si, il savait rigoler le bougre...

Et Izgarshev d’ajouter « qu’il y aura de la demande ». Car là est tout le paradoxe de la Russie. Coincée entre une modernité qui peine à avancer (entrée dans l’UE sensible, économie de marché en berne) et un passé glorieux et prospère (notamment sous Staline) qui resurgit de manière similaire à l’Ostalgie observée en ex-RDA, la neuvième puissance mondiale doit ménager la chèvre et le choux . Comme le présente assez bien ABC News qui s’appuie sur les propos de l’ancien président Vladimir Poutine concernant l’empreinte stalinienne dans son pays, loin d’être un enfant de choeur : « je comprends combien la question est sensible. Il y a embuscade : si je dis des choses positives sur lui, de nombreuses seront en colère ; si j’en dis de mauvais, d’autres le seront également ». Il n’empêche, une boisson gazeuse, consommée à grande échelle, possède un grand pouvoir fédérateur : voilà donc un objet qui ne manquera pas d’amplifier le capital sympathie du bourreau Staline…

Mais ici, un problème se pose. Il ne faut pas faire l’amalgame entre régime communiste qui, par moments, a su montrer ses forces et un dictateur qui a user de la force et la répression pour appliquer une politique qui n’était plus commune mais sienne. Adouber le communisme comme fierté nationale passée, oui (on a bien brûlé puis placé Jeanne d’Arc dans toutes les villes de France et de Navarre, nous!). Adouber Staline pour ses victoires World War Tour en occultant le fait qu’il ait tué de milliers de ces concitoyens, non. Alors si vous me trouvez véhément envers les communistes et Staline, regardez plutôt ce qu’en disent les amerloques, encore enorgueillis de leur victoire sur Gorbatchev, même lorsqu’ils sont journalistes de JT… J’allais oublier : le soda, dont on ne connaît pas encore le nom, aura goût de citron acidulé. Pour certains, cette boisson sera plutôt amère… Et difficile à digérer.

Matthieu Rostac

Crédit photo : Vulpeslibris.wordpress.com et Wikipédia

PS : Merci à Ugo pour le lien!

Amende salée pour le Docteur Poivre

Du poil sous les Roses... Enfin, surtout des cheveux. Et des leggings.

Printemps 2008. Les Etats-Unis s’impatientent : depuis 1993 et The Spaghetti Incident ?, Guns N’Roses n’a pas sorti d’album digne de ce nom. En 2005, le fameux album Chinese Democracy, mis en route par Axl Rose et ses potes dès 1995, avait reçu de la part du New York Times le titre honorifique d’album le plus coûteux de tous les temps. 15 millions dépensés à l’époque, quand même! Et depuis cette date, les communiqués de presse annonçant la sortie de l’album sont très souvent succédés de démentis… Jusqu’au printemps 2008, donc. C’est alors que Dr. Pepper rentre en scène. L’Histoire ne dit pas si la société pionnière du soda est une fan grandissime de GNR ou si elle flairait le bon coup marketing mais toujours est-il qu’en mars, cette dernière propose à chaque américain une canette de sa fameuse boisson gazeuse à l’amande amère si Guns N’Roses sort son serpent des mers d’album avant la fin de l’année en cours. Excepté pour Slash et Buckethead, anciens guitaristes du groupe. LOL. Pour l’intégralité du communiqué de presse lèche-cul, c’est ici.

Dès lors, Axl Rose dément avoir passé un accord avec le géant sodaïque pour une quelconque affaire de buzz mais se dit néanmoins « très surpris et heureux d’avoir le soutien de Dr. Pepper ». Sans oublier d’ajouter qu’il ne connaît toujours pas la date de sortie de l’album Chinese Democracy. L’été passe, l’affaire se tasse. GNR retourne dans son onéreux studio et le Docteur Poivre à ses linéaires géant du Wall Mart. Jusqu’en ce jour de 22 octobre 2008. Tremble, Dr. Pepper : la prophétie GNRienne est en passe de se réaliser puisque le groupe de hard FM sort son nouveau single Chinese Democracy. Dans un mois suivra l’album éponyme… Le Docteur Poivre a intérêt à maîtriser la gestion des stocks en flux tendu. Plus de 300 millions de canettes à distribuer dans tous le pays, ça fait une p’tite somme ! A ce titre, la compagnie Dr. Pepper mettra en place sur son site Internet un système de « coupon » à retirer pour obtenir son Graal heavy-gazeux chez le rabzouz du coin. Résultat : le 23 novembre 2008, jour de la sortie de l’album tant attendu, le site est pris d’assaut et subit un blackout de deux jours.

Gene Simmons de Kiss, ça ne le dérange pas de se taper la honte avec du Dr. Pepper, lui!

Ouch, GNR a rempli sa part de contrat, pas Dr. Pepper. Pour rattraper le coup (marketing), la compagnie texane rallonge le sursis de 24h à 42 heures pour retirer son coupon et met en place un numéro spécial pour soulager son site. Mais 42 heures, c’est bien trop peu pour satisfaire des millions d’américains obèses toujours au taquet pour une dose de glucose gratos (OK, facile). « Un fiasco complet » d’après le mégalomaniaque Axl Rose qui n’apprécie pas trop qu’on use de son saint nom à des fins commerciales, semblerait-il. Enfin, sans rétribution significative. L’avocat du groupe réclame donc de plates excuses ainsi qu’un « paiement approprié » en contrepartie de l’utilisation non-autorisée des GNR. Dr. Pepper claudique sur une jambe, ne sait plus sur quel pied danser, comme en témoigne Rolling Stone : « nous encouragions ouvertement le groupe à sortir son album avant la fin de l’année. Axl avait même exprimé du soutien concernant nos efforts plus tôt dans l’année ». Oh, touchey… Dr. Pepper Snapple Group persiste et signe en affirmant être « déçu de la drôle d’issue que veulent donner les avocats de Guns N’Roses à une dispute légale », relate le Dallas News.

La goutte d’eau qui fait déborder la canette ? Axl Rose lui-même se désolidarise de ses avocats en assurant être surpris de la tournure qu’a pu prendre l’affaire entre GNR et Dr. Pepper. De plus, le bonhomme, visiblement peu enclin au boulard (my apoology), dit clairement n’en avoir rien à cirer  sur son site Internet via ContactMusic.com. « Qui en a quelque chose à foutre ?! Pour le moment, on a un album dont on doit s’occuper » vitupérait-il. Point barre. L’affaire est close. So heavy, dude, booya…Dr. Pepper n’a plus d’ennuis : il peut continuer sereinement à faire la nique à C***-C*** sur le sol du 5e amendement et passer les fêtes de Noël tranquillou. Quant aux Guns N’Roses, leur album Chinese Democracy fut plutôt bien accueilli par la critique, malgré de faibles ventes. Tout est bien qui finit bien. Peut-être qu’ils auront de beaux enfants ensemble et vivrons heureux ? Ah non, en 2009, les GNR ont été attaqués par un musicien électronique allemand, Ulrich Schnauss, qui leur réclame 1 million de dollars pour plagiat de plusieurs de ses morceaux. Et leur Chinese Democracy a été banni par la République de Chine, la vraie. Y a-t-il une justice dans ce bas monde..? LEAVE-AXL-ALOOONE!!! (Chris Crocker).

Matthieu Rostac

Crédit photo : Sleazeroxx.com et Calyptratus.com

La coca, le cola et le cul de la crémière pour le président bolivien Evo Morales

Incroyable : on vient de retrouver l'unique survivant des Carapicho!

Dire d’Evo Morales, le président bolivien, qu’il n’aime pas les Etats-Unis est un doux euphémisme. Après sa réélection en décembre 2009, l’amérindien jette encore un pavé dans la mare sud-américaine déjà bien agitée des Etats-Unis. En effet, le président bolivien étudie la possibilité de créer une boisson gazeuse nationale, un cola pour être plus exact. Et l’ingrédient de base en serait la coca. Coca utilisée officiellement pour lutter contre le mal d’altitude ou la faim par les habitants de l’altiplano, les Collas. D’où le nom bien choisi du produit : le coca colla. Avec, en prime, une couleur brunâtre et une étiquette rouge. C’est ce qu’on appelle marcher sur les plates-bandes… Et comme si cela ne suffisait pas, le vice-ministre du développement Victor Hugo (aucun lien, fils unique) Vasquez claironne que la production pourrait être lancée dans seulement quatre petits mois. A voir le degré d’inimitié des boliviens envers les américains et la popularité de Morales « l’altermondialiste », nul doute que le soda casserait le Barack s’il venait à être commercialisé! Et si jamais le projet du coca colla ne fonctionne pas, le gouvernement bolivien peut toujours utiliser la coca à d’autres fins agro-alimentaires : farine, gâteaux, infusions ou encore liqueur.

La coca n'a pas que du goût, elle sert aussi à "avoir du goût"

Morales, donc, n’est pas prêt de lâcher le morceau. La coca, c’est tout le symbole de la politique moralesienne. Ancien cultivateur de cette « herbe sacrée » millénaire, Evo le socialo en a fait son cheval de bataille politique. La coca s’est vue élevée au rang de « patrimoine culturel » et de « facteur de cohésion sociale » dans la nouvelle Constitution bolivienne de 2009, comme le relate l’AFP via France 24. Un nouveau pas franchi vers l’indianisation « back to the roots » affichée par Morales, qui avait mastiqué une feuille de coca devant la Tribune des Nations Unies en mars 2009 pour militer en sa faveur. En 2010, le gouvernement espère faire passer l’étendue des cultures de 12 à 20 000 hectares. Seul hic : la coca est un produit déclaré « illégal » par l’ONU depuis 1961. De plus, la communauté internationale porte de lourds soupçons sur l’usage de cette coca. Selon le Figaro, 30 à 40% de ses récoltes seraient détournées pour produire de la cocaïne. Déjà, en 2008, la couronne du troisième producteur de cocaïne mondial ornait la tête de la République bolivienne et l’agence antidrogue américaine avait été priée de rejoindre les frontières du pays. Une chose est sûre : en Bolivie, la coca dérange. Bientôt, peut-être, les autorités américaines diront également que le cola gêne.

Matthieu Rostac

Crédit photo : Souklaye.wordpress.com et MSNBC

Personne ne fait le poids contre le Sumol ananas

Connaissez-vous la devise populisto-populaire de l’Estado Novo mis en place par le dictateur portugais Salazar? Fatima, foda e futebol. En français : de la religion, des pleurs et des idoles… Mais cette punchline de facho aurait pu être « fatima, fado e Sumol » tant le soda portugais fait office de fierté nationale à l’autre bout de la péninsule ibérique. Malheureusement pour moi – et heureusement pour les portugais – l’apogée du Sumol coïncide plutôt avec la Révolution des Oeillets et toute la liberté qui va avec. Créé en pleine période salazarienne durant l’hiver 1954 par l’industriel éclairé Antonio Joao Eusébio, le Sumol (d’abord au goût d’orange) connaître véritablement son essor à la fin des années 60, grâce à l’avènement de la publicité et du marketing. Sumol sera la première société à s’émarger de la réclame habituelle pour placarder dans les rues de Lisbonne des affiches estampillées « Beba Sumol ! ». La télévision fera le reste avec la publicité « Un chat est un chat. Un chien est un chien. Sumol est différent de tout cela ». A bon entendeur : cette boisson gazeuse est d’un goût que vous n’avez jamais connu. Depuis, « le Sumol fait partie de la vie de chaque portugais », comme l’affirme le site officiel de la boisson gazeuse lusitanienne. D’ailleurs, le nom Sumol vient de sumo, terme portugais qui signifie en français « jus » et de façon plus figurative, « essence ». Le jus des portugais mais l’essence du Portugal….

Par la suite, les agences publicitaires portugaises ne brilleront pas par leur créativité, à défaut de leur efficacité avec des campagnes à grande échelle. Au contraire, Sumol aura l’intelligence d’élargir sa gamme et de proposer différentes saveurs de Sumol en même temps qu’elle acquerra les licences Pepsi et Seven Up. Les arômes fruit de la passion, mangue et fraise feront leur apparition dans les linéaires de sodas portugais, tout acquis à la cause de Sumol. A tel point qu’à l’orée des années 2000 arrive l’idée du siècle des pubards portos avec les « sumolicos », des jeunes hommes et femmes accros au Sumol qui font découvrir le soda à leurs incultes d’amis. Une belle façon de renforcer un communautarisme nécessaire pour toucher la jeune cible. Une communauté qui n’est pas près de disparaître : la fan page Facebook française du Sumol tient dans ses rangs plus de 26 000 personnes. Mais passons. Cette hégémonie, la société lusitanienne le doit également à sa « saveur fétiche » : l’ananas… Avant Sumol, aucun soda ne portait le label « fruits exotiques ». Encore aujourd’hui, aucune boisson gazeuse ananas ne pousse dans la jungle des GMS. Si ce n’est le Sumol. Dans une trentaine de pays du monde entier. « Mais comment des maçons ont-ils pu être aussi fins? » me dis-je. J’adore être raciste… Plus sérieusement, il faut croire qu’envoyer les conquistadores en Amérique du Sud ou coloniser l’Angola, ça donne de la suite dans les idées…

Cristiano Ronaldo : "Yé soui oune porc tout gay é yen soui fierrr!"

Vous me direz donc : si aucun « sodananas » hormis le Sumol est trouvable en France, c’est que ça doit être bon? Eh bien oui! Et Non. Certes, la saveur « pineapple » donne un goût exotique intéressant, sans mauvais jeu de mot, mais le soda en lui-même reste très rapidement écoeurant. La faute à un sucre un peu trop grossier. Caralho, açucar! Pourtant, la marque Sumol jure que ses sodas sont peu chargés en glucose. Qu’est-ce que ça aurait été sinon..? Quoique, à bien y réfléchir. Dans mon souvenir, ma première bouteille de Sumol descendue, mes papilles d’esthète sodaïque avaient alors apprécié. Contrairement à cette second consommée il y a peu. Le manque de sucre aurait-il ôté son charme à la belle boisson de Algès? Le Sumol est comme une femme sexy et plantureuse à qui l’on aurait enlevé ses poignées d’amour… Pas grave, il nous reste toujours le fado pour pleurer.

Informations techniques : De la chance mes amis, de la chance! Le Sumol est assez répandu dans les GMS et son prix ne dépasse jamais les 1,50€ pour 1,5l. Le même tarif qu’un soda « habituel ». Donc honnêtement, essayez. Mon sens n’est malheureusement pas parfait. La preuve : je n’aime pas la morue… Je ne pourrais jamais être portugais. D’autant que niveau pilosité, c’est pas Byzance. Et BLIIIm, un cliché! D’ailleurs, en parlant de cliché, vous saviez que tous les portugais s’appellent Joao?

Matthieu Rostac

Crédit photo : Aurore Colibert et For Ladies by Ladies